Retour

C’est une rentrée politique sur les chapeaux de roues à laquelle nous assistons. La conférence de presse organisée mardi par le Tavini a mis le feu aux poudres, avec les propos d’Oscar Temaru, qui accuse les sénateurs polynésiens de « mendicité » après l’obtention d’une aide de 477 millions pour les Outre-mer (voir la lettre ci-dessous intitulée…

Le sénateur Teva Rohfritsch s’est alors senti obligé de répondre au leader indépendantiste en convoquant à son tour, hier, la presse locale. Et l’ancien Vice-président de mettre en garde la population contre « l’indépendance en porcelaine de Chine » proposée par ses rivaux politiques. Derrière ces joutes plutôt enfantines, se cache un vrai problème de fond : les échéances territoriales en 2023. Après la défaite cuisante du Tapura aux législatives (lire notre article et notre édito), tous les regards sont en effet rivés sur le gouvernement en place, dont l’équipe ne fait pas l’unanimité, loin s’en faut… Le ministre de l’Économie et des Finances, Yvonnick Raffin, que nous avons surnommé « le poulpe » (lire notre édito), est notamment de plus en plus décrié dans le milieu, y compris parmi sa propre majorité.

Beaucoup pensent qu’un remaniement ministériel est désormais la seule issue du Tapura afin de redresser la barre et éviter une victoire du parti indépendantiste ou du A Here ia Porinetia en 2023. Mais le Pays ne semble pas l’entendre et craint de déstabiliser le gouvernement à neuf mois des territoriales. Lors de son intervention devant les médias, Teva Rohfritsch a insisté : « Nous essayons de nous exprimer en interne, mais on ne peut pas parler tout seul longtemps. (…) Je pense qu’on a besoin de renouveler un peu et qu’il y a des jeunes talents qui ne sont pas assez mis en avant. »

Le Sénat, ou l’art de bien nourrir son homme et le Pays

Il a ensuite fait un post sur les réseaux sociaux : « Au-delà de ma réponse ce jour aux attaques du président du Tavini Huiraatira contre les deux sénateurs du Pays, il me fallait aussi répondre aux questions de nos journalistes sur la situation de notre propre camp. Je ne peux pas pour ma part imaginer que nous restions enfermés dans le silence et continuer à gouverner “comme avant”, en somme faire comme si rien ne s’est passé aux dernières élections législatives. Les Polynésiens ne sont pas tous devenus indépendantistes mais le ras-le-bol qui s’est exprimé fortement risque de mettre Oscar Temaru à la tête du Pays en 2023 si rien ne change dans la famille autonomiste ! Je ne peux pas m’y résoudre et cela dépasse sans doute la seule question d’un remaniement ministériel. Il nous faut adresser des signes forts de changement à notre population et proposer un projet porteur sur des bases nouvelles pour 2023 ! »

A défaut de tenter de recréer un parti, craignant probablement un nouveau revers après l’échec de son A Ti’a Porinetia créé en 2013, Teva Rohfritsch serait-il déjà en train de placer ses pions et penser à son avenir politique ? Tout porte à le croire. En attendant, ce qui est certain, c’est que son poste au Sénat lui va comme un gant. Le Sénat, ou l’art de bien nourrir son homme et le Pays.

image_pdfPDFimage_printImprimer

Laisser un commentaire

Partage