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Fraîchement élu Président de la Polynésie française par les représentants de l’assemblée, vendredi dernier (lire notre précédent article), Moetai Brotherson a présenté ce matin son premier gouvernement, composé de six hommes et de quatre femmes. Les dix nouveaux ministres le savent : la population attend désormais une feuille de route précise et un comportement exemplaire…

Moetai Brotherson a dévoilé vers 8 heures, ce matin, sa « dream team », à savoir les dix ministres qui travailleront à ses côtés. Le Président de la Polynésie française, qui succède donc à Edouard Fritch, s’est entouré de six hommes et de quatre femmes, dont Eliane Tevahitua, nommée notamment Vice-présidente, comme il l’avait annoncé pendant sa campagne électorale.

Le nouveau gouvernement a répondu aux questions de la presse, en livrant quelques éléments de sa prochaine feuille de route, sans vraiment annoncer de premières mesures ou expliquer les leviers de ses futures actions. En effet, certains membres tout juste nommés ont préféré s’emparer d’abord des dossiers, avant de revenir prochainement vers les médias avec plus de données.

Une charte de déontologie du gouvernement

« Les premières mesures seront présentées lors du prochain conseil des ministres la semaine prochaine, celui d’aujourd’hui (un pré-conseil des ministres a lieu ce matin, à partir de 10 heures, NDLR) étant consacré aux dernières actions du précédent gouvernement », a exprimé Moetai Brotherson, qui a révélé par ailleurs que l’ouverture n’a pas été facile, Nuihau Laurey (A Here Ia Porinetia) n’ayant pas accepté, par exemple, d’entrer dans son gouvernement. Parmi ses premières déclarations, le nouveau président du Pays a réaffirmé sa volonté de « porter les valeurs d’exemplarité et de loyauté envers le peuple ». Une charte de déontologie du gouvernement sera même rédigée par la Vice-présidente, en s’inspirant de la trentaine de préceptes de Tetuna’e (grand ari’i du XVe siècle, il est considéré comme le premier législateur tahitien, NDLR). Eliane Tevahitua a résumé l’idée : « ce n’est pas parce que l’on est à la proue du navire que l’on peut faire n’importe quoi et se servir en premier ». La défaite de l’ancien gouvernement du Tapura, sanctionné dans les urnes pour ses actes plus que par son travail, a servi de leçon, et le nouveau gouvernement le sait : désormais, la population attend des actions concrètes et un comportement exemplaire…

Le Président a alors donné sa « recette pour faire un bon gouvernement » et communiqué les critères qui ont guidé son choix : « des compétences bien sûr, pas d’horaires de travail, une adhésion totale au programme du parti, mais aussi et surtout de l’humilité et de la bienveillance ».

Par ailleurs, Moetai Brotherson a confié qu’il s’occuperait en premier lieu des sinistrés de Teahupoo et de la question de la passerelle au-dessus de la rivière pour les Jeux olympiques en 2024. Il a également promis de se pencher sur la cherté de la vie, en faisant notamment disparaître progressivement la contribution sociale d’ici un an. En outre, il a assuré que ses relations avec l’Etat français sont « excellentes » et que son prochain déplacement se ferait en Corée pour le Forum du Pacifique, ne cachant pas son désir d’un processus de décolonisation et d’autodétermination pour la Polynésie française. La mise en place d’une citoyenneté maohi et les conséquences nucléaires (maladies radio-induites et transmissions intergénérationnelles) seront aussi étudiées par le nouveau gouvernement.

Les grandes lignes annoncées

Dans le secteur de l’Economie, le nouveau ministre Tevaitiarii Pomare souhaite apporter du « dynamisme », sans fournir de détails, pour l’heure.

Côté Education, le ministre Ronny Teriipaiaa a évoqué « la création d’écoles d’immersion » pour sauvegarder le reo tahiti.

Pour le Sport et la Jeunesse, la benjamine du gouvernement, Nahema Temarii, entend « développer la vie associative, et lutter contre la délinquance, la misère et la détresse, en arrêtant de stigmatiser les jeunes et en leur inculquant des valeurs de respect, de discipline et d’esprit de compétition ».

Sur le plan Social, Minarii Galenon-Taupua veut œuvrer pour les personnes non autonomes ; la nouvelle ministre va ainsi « construire dans les prochains jours des rampes d’accès dans tous les ministères ». Un signe fort, qui fait écho à la création d’un poste supplémentaire par Moetai Brotherson, en plus des dix ministres, qui sera directement sous sa responsabilité : celui de Déléguée interministérielle au Handicap et aux Personnes en perte d’autonomie, occupé par Nathalie Salmon-Hudry.

Enfin, dans le domaine de la Santé, le sujet épineux de l’obligation vaccinale a été abordé : le ministre Cédric Mercadal a rappelé qu’elle n’était « plus en vigueur en Europe et aux USA », et qu’il irait dans le sens de la population qui souhaite « arrêter ». Quant au bilan de la commission d’enquête sur les effets secondaires des vaccins contre le Covid, la Vice-présidente (qui a fait partie de la commission, NDLR) ambitionne que « les auditions continuent », mais, selon elle, « pour les premières conclusions, entre les effets secondaires sur certains individus et les bénéficies sur des personnes en situation de comorbidité, il n’y a pas photo ».

Tout juste dévoilés, les dix nouveaux ministres ont ensuite participé à leur premier pré-conseil des ministres. Nous aurons l’occasion d’en savoir davantage dans les jours et les semaines à venir. Bon travail à tous !

Prochain rendez-vous dans l’agenda du Tavini : la célébration, mercredi 17 mai, des 10 ans de la réinscription de Maohi Nui sur la liste des territoires à décoloniser, obtenue à l’ONU en 2013 par le leader indépendantiste Oscar Temaru, beau-père de Moetai Brotherson.


Le nouveau gouvernement de la Polynésie française

Moetai Brotherson : Président de la Polynésie française, en charge du Tourisme, des Transports aériens internationaux, de l’Egalité des territoires, des Affaires internationales, du Développement des archipels, de l’Economie numérique et des Conséquences des essais nucléaires

Eliane Tevahitua : Vice-présidente, ministre de la Culture, de l’Enseignement supérieur, de l’Environnement, du Foncier et de l’Artisanat, en charge des Relations avec les institutions

Vaninna Crolas : ministre de la Fonction publique, de l’Emploi, du Travail, de la Modernisation de l’administration et de la Formation professionnelle

Minarii Galenon-Taupua : ministre des Solidarités et du Logement, en charge de l’Aménagement, des Familles et des Personnes non autonomes

Tevaitiarii Pomare : ministre de l’Economie, du Budget et des Finances, en charge des Energies.

Taivini Teai : ministre du Secteur primaire, en charge de la Recherche et de l’Alimentation.

Ronny Teriipaia : ministre de l’Education.

Cédric Mercadal : ministre de la Santé, en charge de la Prévention et de la Protection sociale généralisée.

Nahema Temarii : ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Prévention contre la délinquance.

Jordy Chan : ministre des Grands Travaux, en charge des Transports aériens, terrestres et maritimes.

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Aussi, Moetai Brotherson a créé un poste supplémentaire directement sous sa responsabilité :

Nathalie Salmon-Hudry : Déléguée interministérielle au Handicap et aux Personnes en perte d’autonomie.

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