Dans le cadre de la prochaine séance à l’assemblée qui se tiendra demain, jeudi 13 octobre, Éliane Tevahitua, représentante du groupe Tavini, demande au Président de réaliser une étude des conséquences génétiques des essais nucléaires en Polynésie française. Et d’évoquer Bruno Barrillot, ancien délégué au suivi des conséquences des essais nucléaires, qui citait en 2016…
« À M. Édouard FRITCH Président de la Polynésie française
Objet : Étude sur les conséquences génétiques des essais nucléaires en Polynésie française
Monsieur le Président,
Le 15 août 2022, vous avez souhaité par voie de communiqué, rendre hommage à feu M. Bruno BARRILLOT qui aura œuvré en qualité de délégué au suivi des conséquences des essais nucléaires dans notre pays.
Cette délégation au suivi des conséquence des essais nucléaires, faut-il encore le rappeler, a été voulue et créée le 26 décembre 2007, c’était il y a quinze ans, par le président de la Polynésie française d’alors en responsabilités, M. Oscar TEMARU.
Elle s’inscrivait dans le prolongement des travaux conduits par les membres du conseil d’orientation au suivi des conséquences des essais nucléaires (COSCEN) créé à l’occasion du Taui de 2004. Elle comptait parmi ses membres fondateurs feus Roland OLDHAM et John DOOM. Il faut par ailleurs rappeler que les principaux opposants et détracteurs farouchement opposés à cette commission n’étaient autres que vous-même et votre mentor de l’époque.
Une des préoccupations majeures de M. BARRILLOT, qui rejoignent en cela celles des descendants des populations irradiées par la bombe, est celle des conséquences GÉNÉTIQUES des tirs nucléaires et de leurs retombées radioactives sur notre population. Plus prosaïquement, il s’inquiétait des effets à long terme que ces radiations occasionneraient sur le patrimoine génétique des populations irradiées il y a cinquante-quatre ans, celui de leurs enfants, de leurs petits-enfants et arrières petits-enfants.
Voici ce qu’écrivait Bruno BARRILLOT en 2016 au sujet des conséquences génétiques des essais nucléaires sur les enfants (Notes en pièce jointe) :
« Les chercheurs en biologie qui travaillent sur la reproduction constatent que les atteintes des radiations sur les chromosomes des cellules germinales provoquent deux processus différents et imprévisibles. D’une part, ces chromosomes endommagés provoquent la mort des cellules, entraînant ainsi la mort de l’embryon dès le début de son développement ou lors de fausses couches. Les biologistes constatent ainsi un déficit des naissances et de plus un déséquilibre des sexes à la naissance. Il y a un excès significatif de naissances de garçons chez les populations proches de Tchernobyl, chez les populations proches d’installations nucléaires et même chez les habitants du Kerala, région de l’Inde connue pour sa très forte radioactivité naturelle. Les chercheurs estiment que le déficit d’enfants manquants (non nés) après Tchernobyl jusqu’à aujourd’hui est de l’ordre de un million. D’autre part, certains chromosomes endommagés laissent l’embryon arriver à terme qui, par la suite, transmettra ces anomalies génétiques à ses descendants et aux générations suivantes, sans qu’on puisse raisonnablement prédire que cette transmission d’anomalies génétiques s’arrêtera.
Ces recherches les plus récentes de la biologie confirment les anciennes mises en garde des scientifiques qui, dans les années 1950, ont contribué à faire cesser les essais atmosphériques des trois grandes puissances de l’époque : États-Unis, URSS et Royaume-Uni. Ces scientifiques affirmaient en effet que les retombées radioactives des essais aériens mettaient en péril l’avenir de l’humanité en diffusant sans contrôle des anomalies dans le patrimoine génétique des êtres humains. ».
Monsieur le Président, vous avez à juste titre rendu hommage à Bruno BARRILLOT en saluant je vous cite, « un combattant pour la vérité, la justice et la paix ».
Monsieur le Président, quel meilleur hommage rendre à la mémoire de Bruno BARRILLOT, à son intégrité morale et sa soif de justice et de vérité que de lancer dans les meilleurs délais, ce que vous avez toujours refusé au Peuple Mā’ohi, une étude sur les conséquences transgénérationnelles des essais nucléaires en Polynésie française ?
Je vous remercie. »
Éliane TEVAHITUA
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