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C’est une session extraordinaire très houleuse qui s’est tenue, mardi, à l’assemblée de la Polynésie française…

Vous me demandez d’aller encore tāparu (mendier, ndlr) aux Français, de nous payer encore ça, ah la la la la… Je suis offusqué ce matin par le comportement de nos députés. Je suis offusqué !

Édouard Fritch, 22 mars 2022

Une première session extraordinaire à l’assemblée de la Polynésie française a été convoquée, mardi, pour étudier le premier collectif budgétaire de l’année, mais également pour créer le fonds spécial sur lequel sera versée l’intégralité de la Contribution pour la solidarité (CPS). Le Président a rappelé que « l’objectif unique est de sauver notre Protection sociale généralisée (PSG), autrement dit de sauver toutes les prestations telles que l’assurance maladie, les pensions de vieillesse, les allocations familiales, les allocations aux handicapés, etc. ».

Finalement, la question centrale est : où aller chercher les 9 milliards de Fcfp nécessaires pour combler le trou de la Caisse de prévoyance sociale ?

Ainsi, le député indépendantiste Moetai Brotherson s’est étonné qu’on aille trouver cet argent « dans les poches des Polynésiens » alors qu’on aurait pu « demander à l’État les 100 milliards de Fcfp dus au titre de la dette nucléaire qu’a supportée la CPS ». Il a ajouté : « Plutôt que de se ridiculiser dans une « table ronde de haut niveau » j’aurais préféré que la majorité actuelle soutienne ma proposition de Loi, examinée le 17 juin 2021 à l’Assemblée nationale, qui prévoyait un mécanisme permettant le remboursement de ces sommes.« 

La réponse du président de la Polynésie française, excédé, a été tonitruante : « Mon ministre, cela fait trois fois qu’il vous explique tout ça, et j’ai l’impression que vous n’avez toujours pas compris… C’est quand même terrible, vous êtes tous allés à l’école quand même, j’espère, surtout vous, les députés ». Puis Édouard Fritch s’adresse directement à Moetai Brotherson : « M. le député, vous me demandez d’aller encore tāparu (mendier, ndlr) aux Français, de nous payer encore ça, ah la la la la… Je suis offusqué ce matin par le comportement de nos députés. Je suis offusqué ! Franchement, j’ai demandé à l’État de nous aider, une première fois, une deuxième fois. (…) Si je vous écoute, nous serons encore plus dépendants de l’État français. Je suis plus indépendantiste que vous, à la limite. Je passe moins de temps dans l’hémicycle, moi. Je passe plus de temps en Polynésie que chez les farani (Français, ndlr), entre nous… Et vous m’accusez ? ». Il s’est en pris ensuite à Nicole Sanquer, l’accusant d’avoir « trahi » son parti. Plutôt cocasse pour un politique qui a également quitté son parti d’origine, le Taohera’a, pour fonder le Tapura !

Voir la vidéo ici !

Le Président fermement critiqué

Des propos incendiaires qui ont mis le feu à la Toile, les internautes critiquant fermement M. Fritch, à l’instar de Hinamoeura Cross, la fille de Stanley et Valentina Cross. Atteinte d’une leucémie, une maladie dite radio-induite, elle a écrit un long post sur les réseaux sociaux :

« Pendant cette séance plénière du 22 mars 2022 vous avez offert une leçon de français avec le mot « Déni ». J’ai moi-même envie de vous donner une leçon de français en vous invitant à rechercher la définition du mot DETTE, qui ne peut être associé avec le mot TAPARU (c’est terrible cet amalgame, et pourtant vous avez été à l’école).

Si je rejoignais donc votre raisonnement M. le futur ancien président, aujourd’hui, je suis atteinte d’une leucémie, 9 ans ce mois-ci que cette maladie est entrée dans ma vie. Je ne suis toujours pas en rémission, donc tous les jours, je prends un traitement et tous les mois, je fais des analyses à l’hôpital. Cette maladie dont je suis atteinte EST RECONNUE comme étant une maladie dite radio-induite, c’est-à-dire, due aux essais nucléaires français en Polynésie. Les dépenses de santé liées à cette maladie de 2013 à aujourd’hui doivent avoisiner les 40 millions. Rien qu’en chimiothérapie, d’après mes calculs, je suis à 28 millions supportés à 100 % par la CPS ; à cela s’ajoute le coût des ponctions de la moelle osseuse, les prises de sang qui, il y a encore quelques années devaient être envoyées en France pour analyse, plus tous les autres examens et le suivi médical.

Mais, si je suis votre raisonnement : c’est normal que ce soient les Polynésiens supportent le coût de cette maladie, et non l’Etat français qui pourtant a reconnu sa responsabilité et est aujourd’hui une puissance nucléaire mondiale qui brasse des milliards grâce à ses avancées sur le nucléaire ?

Par cette phrase, M. le futur ex-président : « vous me demandez d’aller taparu encore aux Français », en parlant de la dette nucléaire, vous venez de montrer que JAMAIS, JAMAIS, JAMAIS vous n’allez défendre le dossier du nucléaire. JAMAIS vous n’allez réclamer le paiement de la dette nucléaire ! Donc vous condamnez les Polynésiens à continuer de supporter le lourd coût de toutes les maladies radio-induites, quelle tristesse !

Je termine ce texte par ce mot que je souhaite partager avec vous, le mot VENDU :

« Personne coupable de trahison par intérêt, synonymes : corrompu, traître. » »

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