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Dans mon dernier billet (lire ici), j’évoquais Tanna, une fille venue du Vanuatu en Nouvelle-Calédonie. Plus cruel encore fut le sort de Lulu qui, comme beaucoup de ses compatriotes, croyait encore qu’après l’indépendance il resterait Français, et que la Nouvelle-Calédonie était française. Il imagina donc qu’on l’accueillerait à bras ouverts. Seuls les bras de mon…

On le trouvait beau gosse Lulu
Il arrivait du Vanuatu Lulu
Dans un avion plein d’émigrés
Qui venaient tous de leur plein gré
Traquer le nickel sur le Caillou
Il croyait qu’on était égaux Lulu
Dans la succursale de Paris Lulu
Mais pour Eramet[1]

Au moins ça c’est net

Un noir ne vaut que tripette
Entre les races un sacré distinguo
Il aimait tant la liberté Lulu
Et rêvait de fraternité Lulu
Un cafetier place des noix de coco
Lui a précisé en arrivant
Qu’on ne recevait que des blancs

Il a déchargé des canots Lulu
Il s’est tapé des sales boulots Lulu
Il cria pour vendre des taros Lulu
Dans la rue ses frères de couleur
L’accompagnaient au marteau-piqueur


Et quand on l’appelait Mont-Blanc Lulu
Il ne prêtait plus le flanc Lulu

Il trouvait ça très amusant
Mêm’ s’il fallait serrer les dents
Ils auraient été trop contents
Il aima une belle blonde frisée Lulu
Qui était toute prête à l’épouser Lulu
Mais la belle-famille lui dit nous
N’ somm’s pas racistes pour deux sous
Mais on veut pas de ça chez nous.

Il retourna à Port-Vila Lulu

Pas dans une villa Lulu

Mais dans un nakamal Lulu

N’y voyez pas de mal Lulu

Jusqu’aux lueurs matinales Lulu.


Note :

[1] Eramet (ancienne SLN) est une grande entreprise minière et métallurgique qui exploite le nickel de Nouvelle-Calédonie.

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