Selon les informations du Monde, confirmées par le Parquet national financier, l’ancien vice-président tahitien de la FIFA, Reynald Temarii, a été mis en examen pour « corruption privée passive » dans le cadre de l’enquête sur les conditions d’attribution de la Coupe du monde de football au Qatar. C’est la première mise en examen dans…
En septembre 2022, L’Équipe racontait le point de départ des ennuis du dirigeant. Le 24 septembre 2010, Reynald Temarii, président de la Confédération océanienne de football (OFC), recevait dans son bureau à Auckland en Nouvelle-Zélande, un certain David Brewster, dépêché par une société anglaise du nom de Franklin Jones. Ce lobbyiste expliquait agir dans les intérêts d’un consortium d’entreprises privées américaines désireuses de « sécuriser » les votes de membres du comité exécutif de la FIFA en faveur des États-Unis, en vue de l’attribution de la Coupe du monde 2018 ou 2022.
Un fonds d’investissement luxembourgeois attire l’attention des enquêteurs
L’entretien allait durer « 98 minutes ». Pas une de plus. Au cours de cet échange, le président de l’OFC aurait notamment indiqué à l’intermédiaire qu’il cherchait 3 millions de dollars néo-zélandais (1,70 M€), pour construire un centre d’entraînement, à Auckland. Tout en précisant plus tard, dans la conversation, que cette éventuelle aide financière n’aurait pas d’influence sur son vote…
Le mois dernier, l’enquête liée aux modalités d’attribution de la Coupe du monde 2022 avait connu une nouvelle étape. Un fonds d’investissement luxembourgeois, Peninsula Capital, avait fait l’objet d’une perquisition de ses locaux. Selon l’hebdomadaire Marianne, les enquêteurs français de l’Office anticorruption (Oclciff) et les enquêteurs luxembourgeois avaient mené la perquisition à l’initiative du juge d’instruction du tribunal judiciaire de Paris, Serge Tournaire. La justice s’intéresserait à d’éventuels mouvements financiers – de 3,3 millions d’euros – liés à l’ancien président Nicolas Sarkozy.

Reynald Temarii assure être « extrêmement serein »
Reynald Temarii a réfuté dimanche ces accusations et s’est dit « serein », sur TNTV. « C’est un non-événement, la vérité ne change pas, il n’y a jamais eu de corruption », a-t-il déclaré sur le plateau de la chaîne locale, se disant « surpris » de sa mise en examen, mais assurant être « extrêmement serein ».
« Avec mes avocats, nous attendons les pièces que nous avons réclamées pour comprendre » les raisons de cette mise en examen qui pourrait, selon lui, être liée à la décision de la cour d’appel de Paris de changer les juges d’instruction en charge de son dossier. Cette mise en examen, la première dans ce dossier, a été signifiée à M. Temarii par les juges d’instruction chargés du dossier dans un courrier du 22 mai.
Temarii plus actif dans le monde du football
Il était depuis novembre 2021 placé sous le statut plus favorable de témoin assisté. Dans ce volet de l’information judiciaire ouverte en 2019 à Paris sur la désignation de l’émirat comme pays hôte, les juges d’instruction s’intéressent à la volte-face de M. Temarii, ancien président de la Confédération océanienne de football (OFC), la veille de l’attribution de la Coupe du monde au Qatar.
Suspendu un an par la Fifa en novembre 2010 pour infraction au code d’éthique, Reynald Temarii ne pouvait plus siéger au comité exécutif le 2 décembre 2010 pour le vote. L’OFC devait donc désigner un remplaçant qui aurait accordé sa voix à l’Australie au premier tour de scrutin puis, en cas d’échec, aux Etats-Unis, principaux rivaux du Qatar. Or, M. Temarii a fait appel de sa suspension dans la nuit du 30 novembre au 1er décembre alors qu’il avait préalablement annoncé accepter la sanction et qu’il ne disposait pas des motivations du comité d’éthique lui permettant ce recours.
En faisant appel, selon les statuts de la Fifa, il privait l’OFC d’un représentant lors du vote. Le 2 décembre 2010, le Qatar l’a emporté devant les Etats-Unis, pourtant favoris. Ancien homme fort du football tahitien, M. Temarii est toujours actif dans le monde sportif polynésien, notamment dans les populaires courses de pirogues. Il n’a en revanche plus d’activité officielle dans le football depuis que la Fifa l’a suspendu pour huit ans pour infraction au code d’éthique en 2015. La suspension a pris fin le 15 mai dernier.
Source : L’Équipe
