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Oscar Temaru s’est exprimé à l’occasion de la 4e Commission des Nations Unies sur les questions de décolonisation. Le chef de file du parti indépendantiste estime que « la France a violé à plusieurs reprises les résolutions successives sur le cas de la Polynésie française depuis la résolution du 17 mai 2013 ». Le leader du Tavini réclame aussi « le rapport tant attendu sur les conséquences environnementales, économiques et sanitaires de ses 193 essais nucléaires menés entre 1966 et 1996 ».

« Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les délégués,

Oui, je suis toujours en vie.

Et je suis toujours en train de pétitionner devant vous.

Depuis les années soixante-dix, je suis venu à New York pour pétitionner devant la 4ème Commission.

En mai 2013, date historique, notre pays la Polynésie française / Maohi Nui a été réinscrit sur la liste des territoires non autonomes à décoloniser.

Oui, je suis vivant, car je crois en la paix et la liberté malgré toutes les manœuvres que la France, puissance administrante, a déployées pour contrer ma lutte vers l’accession de mon Peuple à son indépendance et à sa pleine souveraineté.

Depuis 2013, la France a tenté de retirer la Polynésie française de la liste de l’ONU des territoires à décoloniser, depuis 2018, et ma communication devant la Cour pénale internationale de La Haye, j’ai été licencié et déchu par un tribunal administratif français, de mon mandat électif de Représentant au sein de l’Assemblée de la Polynésie française.

En 2021, mes biens personnels et mes comptes ont été gelés par un Procureur français.

Depuis 2020, Radio Tefana, l’un des médias libres les plus importants et les plus écoutés, fait l’objet de diverses poursuites judiciaires de la part des autorités françaises par les autorités françaises et a été accusée de prosélytisme politique en faveur de la décolonisation.

La Ville de Faa’a, dont je suis le Maire depuis des décennies, a été perturbée par de multiples et incessantes tracasseries administratives et d’actions en justice discriminatoires.

Un autre exemple de ces tempêtes politiques et administratives, sont les trappes pour perturber et dissoudre, à cinq reprises consécutives, mon gouvernement lorsque je suis arrivé au pouvoir en 2004 après des élections générales.

Enfin, je dois ajouter que ma famille elle-même, et mes enfants, ont été stigmatisés.

Et, je peux également vous dire que ma vie a été menacée à plus d’une reprise par les soi-disant services spéciaux français. Depuis les années soixante-dix, la France n’a cessé de déployer autour de moi de nombreux cercles noirs infernaux et injustes pour me faire taire et couper court à mes actions en faveur de la décolonisation de mon pays.

J’ai été, jusqu’à présent, l’objet de pressions juridiques, administratives et financières très onéreuses.

Et que voyons-nous en face de nous ? Un pouvoir administrant qui pratique la « politique du siège vide » depuis 2013. C’est une honte.

La France a violé à plusieurs reprises les résolutions successives sur le cas de la Polynésie française depuis la résolution du 17 mai 2013. Nous demandons donc instamment à la France de se conformer à cette résolution, de produire le rapport tant attendu sur les conséquences environnementales, économiques et sanitaires de ses 193 essais nucléaires menés entre 1966 et 1996, et à reprendre, enfin, sa participation aux travaux du C-24 et de la 4ème Commission.

Face à toutes ces dépenses, manœuvres et tracasseries, je ne peux opposer qu’un appel à la justice, à la paix et à la liberté.

Il n’y a pas de véritable démocratie dans un territoire où la démocratie est gérée par un autre pays. »

Oscar Temaru, président du Tavini

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