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Les gouvernants doivent rêver de réformes économiques et sociales qui ne feraient que des gagnants ; elles seraient tellement faciles à faire adopter ! Malheureusement, dans la réalité, les réformes produisent des gagnants et des perdants, les premiers étant souvent diffus et imparfaitement identifiés tandis que les pertes des seconds sautent aux yeux de tous. On peut imaginer que si le président Macron et son gouvernement s’attachent depuis plusieurs années à tenter de réformer le système de retraites, ce n’est pas pour le plaisir de se rendre impopulaires, mais bien pour la recherche d’un bénéfice pour l’ensemble des Français. Or, si ces derniers identifient clairement les pertes de tous les salariés qui vont devoir travailler plus longtemps pour avoir droit à percevoir leurs pensions de retraite, ils peinent à en identifier les gains collectifs ?  Profitant de cette complexité, les démagogues et populistes de tous bords font miroiter des recettes miraculeuses, impossibles à tenir dès qu’on se trouve au pouvoir. Face aux réalités économiques, les gouvernants sont bien obligés de s’adapter, comme ces responsables politiques de gauche qui en Grèce ou au Portugal ont dû se résoudre à rallonger les âges minimaux de départ à la retraite.   

Les économistes devraient aider à voir si les gains l’emportent sur les pertes et si le bénéfice social net est équitablement partagé. Mais comme souvent en pareilles circonstances, la politique et l’idéologie risquent très vite de prendre le pas sur le raisonnement scientifique. Les économistes les plus connus pour leur engagement politique à gauche, comme Thomas Piketty ou Daniel Cohen, sont opposés à la réforme, qu’ils jugent non nécessaire et injuste. Au contraire des économistes moins marqués idéologiquement, comme Philippe Aghion ou le prix Nobel Jean Tirole, soutiennent globalement la réforme. Afin d’éviter le reproche d’une préférence idéologique, l’économiste pourrait se contenter de présenter les différents menus et leurs coûts, c’est-à-dire les différentes options en donnant les avantages et inconvénients de chacune d’elles, et dire à la fin « à chaque citoyen de faire son choix en connaissance de cause ». Mais cela n’empêche pas de préciser si tel ou tel projet de réforme présente des gains nets positifs et si ceux-ci sont assez équitablement distribués. &nbsp …

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