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Vous aviez aimé Charlie et la chocolaterie[1], vous adorerez Yvonnick et la Raffinerie. Gouverner un pays devient un sacerdoce, un fardeau… Cela revient à porter une croix alors que naguère encore gouverner était un fromage, une sinécure.

Le peuple a soif d’hydrocarbures. Les écologistes les vomissent. Les pauvres propriétaires de vieux tacots qui en ont absolument besoin estiment leurs prix exorbitants. Le gouvernement trouve divers moyens pour ne pas trop les augmenter et explique qu’on a maintenant – au Fenua – des produits pétroliers les moins chers du monde. Une nouveauté pour Tahiti ! Les pauvres ne s’en rendent pas compte. Ceux qui ont de grosses cylindrées bien polluantes et/ou consommatrices plus grosses que leurs moteurs, eux, sont ravis et rigolent des écolos.

La quadrature du cercle vous dis-je… Expliquons le mécanisme.

Pour « lisser » la hausse des prix, le Pays a créé un Fonds de régulation des prix des hydrocarbures (le FRPH), alimenté quand les cours mondiaux sont bas en ne répercutant pas toute la baisse. Une partie de ce que vous payez à la pompe est pompé par le grand argentier du Pays. Quand les cours montent, le gouvernement puise dans le fonds pour éviter une hausse trop importante. Reste à espérer que les cours mondiaux ne restent pas hauts trop longtemps ou ne se haussent pas trop du col, sinon ce sera le budget du Pays qui devra alimenter le FRPH.

Résumons-nous. C’est le mouvement perpétuel.

Quand le gouvernement maintient les prix des carburants en-dessous de leur niveau quand ils devraient en réalité monter, le FRPH se dégonfle et, s’il se dégonfle trop le grand argentier y transfert des fonds du Pays… lesquels sont alimentés par l’impôt indirect que chacun paie en faisant ses courses.

Le problème c’est que les taxes (et aussi la hausse des prix) mettent à sec les plus « fragiles », tandis que pour les plus aisés les taxes n’entament que leurs économies (un privilège dont les premiers ne jouissent pas).  

Donc, on vous fait croire que vous ne payez pas la hausse réelle des carburants alors que vous les payez en achetant du riz ou du punu pua’atoro

Donc Yvonnick recycle les prix ou mieux Yvonnick raffine les prix au sens (à l’essence) où il joue au plus fin avec les taxes.

Tandis qu’Yvonnick expliquait doctement aux journalistes que grâce à de nouvelles recettes – qui bien sûr tombent du ciel – il contenait les prix, Tahiti Infos du 4 octobre dernier lançait fort audacieusement qu’en quelque sorte « la TVA sociale, c’était bien du social » !

Je le répète, à Tahiti, les taxes permettent de baisser les prix. Je ne suis pas sûre qu’on apprenne ça dans les filières économiques de l’Université.

Alors, pour faire encore plus pédagogique, je vous propose de parodier la célèbre chanson des années soixante (je n’étais pas née mais tout le monde a entendu ça) répandue sur toute la planète : Saint Dominique et la croisade contre les Albigeois vantés par la Belge Sœur Sourire. Et vous avez vu, bien sûr, le film qui lui a été consacré en 2009 avec une autre Belge qui s’appelle Cécile de France[2], allez comprendre quelque chose… 

Voilà le résultat :

« Yvonnick, nique, nique

S’en allait toujours peinard

Raffiner le fric d’Édouard

En tout forum en tous lieux, 

Il ne parle que de son Dieu

À l’époque où Édouard

De Tahiti était roi

Yvonnick notre soudard,

Combattit les rabat-joie

Yvonnick, nique, nique

S’en vantait tout simplement,

Et bernique les enfants,

En tout forum en tous lieux,

Il voudrait faire de son mieux[3]. »


Notes :

Comme toujours, Maeva confie les notes de bas de page à l’intelligence superficielle :


[1] Célèbre roman pour enfants de Roald Dahl porté plusieurs fois au cinéma.

[2] J’ai protesté savez-vous une fois seulement auprès de Maeva : on ne se moque pas des Belges. Savez-vous ce que seulement elle m’a rétorqué ? « C’est vendredi et vendredi tout est permis ». Comme elle est partie elle me dira bientôt : « lundi, c’est raviolis ».

[3] Bon, c’est bien Maeva, par ce dernier verre (euh, je veux dire ce dernier vers) tu n’accables pas trop notre ministre. Tu n’as pas besoin cependant d’ajouter que « mieux est ennemi de bien ». Tu es trop vindicative, Maeva.

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