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Dans ce recueil, Chantal T. Spitz continue à « faire bouger les lignes du langage » (lire notre portrait publié en août 2022) : plus du tout de ponctuation ou de majuscule (sauf dans de rares paroles rapportées), des « à la ligne » qui permettent de rythmer le texte, des paragraphes qui font passer à un sujet ou à un thème un peu différent. C’est comme une respiration du texte et l’on peut se demander si ce n’est pas une trace incorporée de la tradition orale. Paru aux éditions Au Vent des îles en 2022, l’ouvrage Et la mer pour demeure mérite qu’on s’interroge sur l’évolution de l’écriture de l’autrice.
Photo mise en avant : Avec l’accord de l’éditeur / Graphisme de couverture : Gabrielle Ambrym

Sa langue, souvent poétique, utilise de nombreux néologismes, des métaphores parfois et un rythme très ample. Poétique : « poien » en grec ancien : créer, fabriquer. Elle fabrique sa langue comme des poètes français ont fabriqué cette langue « parallèle » qu’est la poésie rimée, utilisant la rime, la diérèse[1], les allitérations et assonances[2], la prononciation du -e muet[3] (pas si muet), qui transforment la langue en musique, le calligramme, etc. Cela mérite d’être dit, car ce n’est pas un parti pris, un jeu, un snobisme, c’est sa façon d’écrire qu’il faut accepter comme on accepte la lecture de vers rimés ou de poèmes aux métaphores polysémiques, voire obscures d’auteurs comme les surréalistes, l’immense René Char, etc. Si les textes de Chantal T. Spitz sont souvent très poétiques, c’est dans la mesure où la poésie n’est pas uniquement un genre littéraire. C’est l’expression de la créativité humaine, le contraire de la « novlangue »[4]  …

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