Depuis quelques années, on peut observer dans la société polynésienne une forme de salutation qui est venue prendre la place de la poignée de main d’origine européenne et l’embrassade tahitienne. Elle se concrétise par l’échange répété de petits coups de poings ou de tapes avec la paume ouverte. La poignée de main avait trouvé son origine dans une géographie hasardeuse, mais sa généralisation a eu lieu en Occident avec la naissance du sentiment de l’urbanité, venant remplacer la culture du conflit, propre aux sociétés guerrières anciennes ou au monde féodal.
Elle signifie à la fois une salutation et un accord, matérialisés par la main ouverte qui ne porte pas d’arme, en même temps qu’elle s’assure de la même privation offensive chez l’autre. Plus qu’un acte formel, comme la signature qui vient parapher un accord conclu, la poignée de main est « forme de culture », dans laquelle se manifeste l’ouverture à l’autre. Ses nombreuses variations, de la main molle et indolente à la poignée ferme et affirmative, des doigts dédaigneusement offerts à la chaleur caressante de la main, montrent qu’il ne s’agit pas d’une rencontre entre des corps, mais un échange de chair, une confirmation d’une nature commune de l’humanité. Le bras tendu, la main qui s’ouvre et se ferme, ne miment pas d’abord une identité, ils signifient surtout qu’un espace, une frontière se dessine entre ceux qui viennent se rencontrer, une mise à distance et un accueil se conjuguent dans l’acte de la salutation. L’ouverture à l’autre et la présentation de soi sont indissociables d’une ouverture de l’autre, d’une prise en compte de son altérité.  …
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