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Avec la victoire du Tavini, arrivé en tête dimanche dernier à l’issue du premier tour des Territoriales (voir les résultats définitifs ici), le Tapura a essuyé une nouvelle déconvenue après la défaite cuisante des Législatives. Coincé dans les cordes, le parti d’Édouard Fritch a alors annoncé qu’il allait « mettre tous les moyens pour faire barrage…

Hier soir, les trois partis victorieux au premier tour des élections territoriales (Tavini, Tapura et A Here Ia Porinetia) devaient déposer leur liste au Haut-commissariat pour le second tour. Si le premier, souhaitant faire « alliance avec le peuple », et le troisième, ayant « trop de divergences » avec le Tapura, n’ont rien changé, la surprise est venue du second. En effet, contre toute attente, le Tapura a réussi à convaincre l’Amuitahira’a de Gaston Flosse de le rejoindre afin de constituer une « liste d’union des autonomistes contre l’indépendance ». Un rapprochement pour le moins étonnant entre l’élève et le maître multi-condamnés (lire L’ÉDITO #8 – Fritch en route pour un 3e mandat : l’élève va-t-il dépasser son maître Flosse ?) qui se sont tant déchirés ces dernières années.

Amères, les oranges sont devenues sanguines

Mais quand il s’agit de « sauver le pays » face aux souverainistes, exit les rancœurs, du moins en apparence… Ainsi, le Vieux lion n’a pas pu résister au chant des sirènes et à l’envie d’exister encore, coûte que coûte, sur la scène politique locale. On a beaucoup de mal à suivre le nonagénaire qui prônait pourtant jusque-là un « État souverain associé avec la France » avec son nouveau parti orange. Est-il souverainiste ou bien autonomiste ? Ou cela dépend-il du vent qui tourne place Tarahoi ? On l’a déjà observé plusieurs fois : le gaulliste pur et dur, version chiraquienne, s’est mué à différentes reprises en porte-drapeau de l’extrême-droite (lire le dossier de Jean-Marc Regnault : Gaston Flosse : « Non, je n’ai pas changé… », comme disent ceux qui oublient d’où ils viennent)… Ainsi, les oranges amères sont-elles devenues sanguines, après avoir hurlé que le navire Tapura allait faire sombrer le Fenua dans les abysses.

Le « tragic circus du Tapura »

Et que penser du Tapura, prêt à tout pour remporter les Territoriales et triompher du « péril indépendantiste », quitte à ne pas respecter le choix de ses propres électeurs ? Pour mémoire, les nouveaux alliés sont les mêmes qui, il y a encore trois jours, se traitaient mutuellement de « traîtres », « incapables », « ayant mis le pays en faillite ». En se rabibochant avec l’ex-Taohera’a, le parti de Fritch n’hésite pas à remanger la soupe dans laquelle il a craché ! Le Tavini n’a pas manqué de le rappeler dans un communiqué de presse intitulé « Plus fort que le magic circus : le tragic circus du Tapura », évoquant « le même vieux disque percé chanté par la chorale de ceux qui ont menti aux Polynésiens pendant 30 ans » (NDLR : à propos du nucléaire) et des « petits chanteurs rouges ayant juste retrouvé leur maître de chant orange ». Le parti bleu s’indigne encore : « Quel triste spectacle ! Quelle image de la Politique ! Quel message envoyé à notre jeunesse ! Comment s’étonner des taux d’abstention après pareilles magouilles ? ».

Un mélange de couleurs qui détonne

Ces alliances improbables entre des partis aux couleurs qui détonnent n’est pas nouveau. On se souvient tous, par exemple, du 7-7-7 qui avait vu l’union du Tavini et du Taohera’a ; on sait tous aussi ce que donne le mélange du bleu et du orange… Le rouge avec l’orange ne paraît pas raccord non plus, tant sur le plan des orientations politiques que celui des valeurs idéologiques. Dans ce panier de tupa, on ne peut que saluer l’intégrité de la troisième force politique A Here Ia Porinetia, qui garde son cap en faisant cavalier seul et impulse une volonté de renouveau, avec un changement de dernière minute : la candidature d’une femme à la présidence, celle de Nicole Sanquer (voir notre interview en vidéo). Quant au Tavini, quoi de plus légitime que de désirer la liberté de son peuple à disposer de lui-même ? Pour les autres formations, on peut sérieusement s’interroger sur leurs motivations réelles, l’opportunisme de nombreux politiciens étant parfois flagrant. Tous les coups sont-ils permis pour nourrir sa soif du pouvoir ? Les électeurs trancheront le 30 avril.

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1 réflexion au sujet de « ÉDITO – Territoriales : tous les coups sont-ils permis pour nourrir sa soif du pouvoir ? »

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