Dans le contexte actuel où la littérature de langue française est « irradiée » par les nouveaux auteurs(es), qui l’accusent d’être le véhicule détesté de la pensée occidentale blanche, hétérosexuelle et chrétienne, l’œuvre et la pensée de François Cheng apparaissent comme inactuelles, en provenance d’un autre monde qui s’est éloigné de nous à des années-lumière, remplacées souvent dans la littérature francophone par une langue du prétendu « oppresseur » éructée sans aucun respect. L’actuelle génération sans frontières, sans différences entre adulte et enfant, entre maître et élève, entre homme et femme, considère désormais le réel comme une matière malléable qui se plie à l’idéologie du désir ou du ressentiment, n’ayant plus de « longue route » devant soi comme horizon nécessaire du devenir singulier.

Dans son autobiographie Une longue route pour m’unir au chant français, qui vient d’être publiée chez Albin Michel, le poète et calligraphe d’origine chinoise Cheng Chi-hsien fait retour sur son trajet personnel. Arrivé en France en 1948, avec le père fonctionnaire de l’Unesco, il fuyait la guerre civile en Chine. L’année suivante, lorsque sa famille décide d’émigrer aux États-Unis, il reste à Paris, « La terre française sera ma terre, la langue française sera ma langue ». Fasciné par la langue française, profondément marqué par Rimbaud « mon frère français », ainsi que la poésie anglaise (Shelley) et la poésie allemande (Rilke), il prépare, dans les années 1960 et au milieu de grandes difficultés financières, un diplôme à l’École pratique des hautes études. Il traduit des poètes chinois en français et des poètes français en chinois, et il enseigne à l’Université de Paris-VII …
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