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Vous connaissez l’expression populaire : c’est à la fin du bal qu’on paie les musiciens. Si, après l’affaire du mariage de Tearii Alpha, les « tontons bringueurs » sont passés à la caisse sans trop de casse (lire notre article ici), avec des amendes allégées et sans perdre leur éligibilité, les législatives se sont chargées de leur faire payer le prix fort. Cette fois, la population a sifflé la fin de la récréation en marquant ces élections par un vote sanction sans appel, qui a propulsé le parti indépendantiste en tête des trois circonscriptions en Polynésie. Ainsi, le Tavini douche le Tapura, parti de la majorité présidentielle, en faisant un carton plein avec trois hommes bleus élus pour représenter le Fenua parmi les 577 députés à l’Assemblée nationale (lire notre article ici). Alors, les Mā’ohi dansent et les « tontons bringueurs » déchantent… Une percée historique, un grand chelem inédit ! Historique, l’entrée de Tematai Le Gayic au sein de l’Hémicycle, benjamin de la Ve République du haut de ses 21 ans, l’est aussi. Brillant, le jeune homme, qui a fait une remontada incroyable dans la première circonscription face à Nicole Bouteau, l’ancienne ministre du Tourisme et du Travail du gouvernement Fritch, est sous les feux de tous les projecteurs à peine les savates posées sur le sol hexagonal.

Aussi, l’arrivée des trois Polynésiens, Moetai Brotherson, Steve Chailloux et Tematai Le Gayic, en lavalava a été remarquée et n’a pas fait que des émules, y compris au Fenua. Sans surprise, l’extrémiste de droite Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national, a par exemple taclé les députés débarquant au Palais Bourbon en « chemises à fleurs et tongs » (sic !). Tandis que certains locaux ont considéré que leur accoutrement était « ridicule » sur les pavés de Paname, mais également « mensonger » car non-représentatif de la culture locale où la tenue traditionnelle est le pāreu (« pagne »). Au-delà de ces guéguerres de sémantique futiles alimentant des polémiques stériles, ne perdons pas de vue l’essentiel : malgré les claques infligées au gouvernement de « Doudou » et à la Macronie, le premier parti reste l’abstention, puisque la moitié des électeurs ne se sont pas exprimés… C’est pourquoi le rêve d’Oscar Temaru d’obtenir prochainement la souveraineté de Maohi Nui, s’il est légitime, à l’aube du 10e anniversaire de la réinscription de la Polynésie française sur la liste de l’ONU des pays à décoloniser, est à relativiser. Ces élections sont à remettre dans leur contexte de crise politico-économique, et il serait faux de penser que les législatives augurent des résultats des territoriales en 2023 (lire notre article ici).

Plutôt que d’agiter l’épouvantail « Indépendance » et d’obéir à un raisonnement manichéen, le gouvernement local n’a désormais d’autre choix que de revoir son attitude jugée par beaucoup condescendante et de se rapprocher du peuple en cherchant des solutions rapides et pérennes pour retrouver la paix sociale. D’ailleurs, « Doudou » a peut-être encore laissé passer l’occasion de prendre un peu de hauteur après sa défaite cuisante : plutôt que d’annuler les billets d’avion réservés pour lui et ses troupes du Tapura pour Paris, n’aurait-il pas mieux fait d’avoir l’élégance et la solidarité d’accompagner les trois élus aux portes du Palais Bourbon ? Quoi qu’il en soit, les nouveaux députés, portés par Moetai Brotherson qui leur a ouvert la voie avec son premier mandat, vont devoir, eux aussi, se mettre au travail et prouver que le nūna’a a vu juste en leur confiant ces grandes responsabilités. Le départ de Yaël Braun-Pivet du ministère des Outre-mer, où elle a été nommée il y a juste un mois, pour ravir la présidence de l’Assemblée nationale, en dit long sur le regard que porte encore la majorité présidentielle sur les ultramarins. En plus du volet nucléaire, c’est ce combat sans concession que devront mener nos trois ‘aito pour replacer le Fenua au centre de l’échiquier politique et assoir une stratégie ferme pour le protéger dans le cadre de la guerre des abysses qui s’annonce inéluctablement dans le monde, et notamment dans nos eaux si convoitées…

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