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Chaque nouvelle année rime avec nouvelles résolutions. Après deux années de crise Covid, l’année 2022 aura été rude, marquée par la guerre en Ukraine qui s’enlise et le retour de l’inflation. D’autant plus que l’insularité polynésienne accentue les contraintes d’approvisionnement. Alors que pouvons-nous souhaiter pour 2023 si ce n’est l’espoir d’un avenir meilleur pour nos enfants ?
Ainsi, à l’occasion de cette nouvelle année qui démarre, avec une perspective majeure, l’élection de nos représentants à l’assemblée de la Polynésie française et de notre président, PPM formule dix vœux, en gageant qu’ils ne soient pas pieux et soient entendus par la classe politique… À bon entendeur.
1/ La santé pour tous
Obésité, diabète, alcoolisme… Le problème de la Santé devient de plus en plus inquiétant en Polynésie, nous l’avons dénoncé à plusieurs reprises. La première volonté que l’on peut exprimer est celle que chacun d’entre nous ait accès aux soins nécessaires à sa bonne santé physique et mentale. Nous pensons également aux populations éloignées qui habitent dans les îles et qui doivent attendre l’arrivée des médecins itinérants pour être enfin prises en charge. Qu’attendons-nous pour mettre en place des services sanitaires et des infrastructures dignes de ce nom, ainsi que des campagnes de prévention plus efficaces ?
2/ Mettre fin à la précarité et s’occuper des SDF
Il est urgent de redonner de la dignité aux gens les plus démunis et de s’occuper des sans domicile fixes (SDF), dont le nombre augmente à vue d’œil dans les rues de Papeete. Comme le constate Père Christophe, « si le Covid a fait beaucoup de victimes, force fut de constater qu’elle a renforcé l’individualisme, l’inégalitarisme… l’égoïsme ! ». Et de prier pour que 2023 soit l’année de solidarité et d’égalité. Et d’appeler à notre bon cœur en évoquant le centre Te vai-ete api, destiné à accueillir les sans-abri, qui est en cours de construction mais pour lequel il manque encore environ 140 millions de Fcfp. Espérons qu’ils retrouvent une place dans la société grâce à une plus large politique de la main tendue.
3/ Redonner du pouvoir d’achat à nos concitoyens
Sur le plan financier, nous ne pouvons qu’émettre le souhait que nos portefeuilles se remplissent un peu plus ou du moins qu’ils ne se vident pas davantage ! Si le président se félicite dans ses vœux officiels d’avoir « revalorisé certaines prestations sociales et le SMIG afin de préserver le pouvoir d’achat », les nouvelles taxes mises en place ont grevé le budget de toutes les bourses et ont renforcé la pauvreté au Fenua, c’est indéniable. Rêvons donc que le Pays trouve les leviers nécessaires pour une plus grande équité, en se concertant avec les acteurs des différents secteurs économiques.
4/ Renforcer l’éducation et promouvoir les emplois locaux
La jeunesse représente l’avenir. Aussi, « L’éducation est l’arme la plus puissante que l’on puisse utiliser pour changer le monde », disait Nelson Mandela. Dans ce sens, le corps enseignant est indispensable pour éclairer les jeunes pousses et les orienter vers la lumière qui les fera grandir et prendre de la hauteur. Puissent les formations de nos élèves et de nos étudiants polynésiens répondre à leurs attentes et leurs profils, tout en veillant à promouvoir les emplois locaux afin de leur assurer des perspectives réjouissantes.
5/ Endiguer le monopole des gros bonnets et la gabegie
Dans le microcosme polynésien, ce sont souvent les mêmes gros poissons qui s’engraissent, au détriment des plus petits. En outre, la loi du pays sur l’encadrement des prix, pourtant inopportune, vient d’être « validée » par le Conseil d’État. On ne peut pas attendre de cet interventionnisme renforcé ni qu’il permette d’endiguer l’inflation, ni qu’il permette un renforcement sensible de l’intensité concurrentielle des marchés polynésiens. À l’inverse, la loi du pays comporte nombre d’impératifs administratifs qui alimentent le gaspillage de ressources privées comme publiques, dont l’observatoire des prix. Lire notre dossier « Big Brother » et les prix : vous en reprendrez bien un peu ?
6/ Tourner la page du nucléaire
C’est un sujet explosif qui a fait couler beaucoup d’encre, dans les colonnes de TPM puis maintenant celles de PPM. Pourra-t-on un jour parler sereinement des années du nucléaire en Polynésie française ? La route semble encore longue, surtout après la sortie maladroite du livre tout juste publié par le CEA et diffusé prochainement dans les établissements scolaires. L’ouvrage ajoute encore de la confusion dans les esprits et semble vouloir « noyer le poisson », à la veille des 60 ans de l’annonce du transfert des essais nucléaires au Fenua. Tourner la page du nucléaire n’implique-t-il pas d’avoir soldé les contentieux, en reconnaissant les faits sans les édulcorer ? Lire notre dossier Mémoire du nucléaire : « une nouvelle page à écrire » ?

7/ Lutter contre le manque de probité de nos élus
Un colloque très instructif s’est tenu en mai 2021 à l’Université de la Polynésie française pour lutter contre le manque de probité et la corruption chez les politiciens, dont certains sont des « délinquants en col blanc ». On y a appris que le nombre d’affaires politico-financières dans le viseur de la justice oscille entre 21 et 47 chaque année au Fenua ! Par ailleurs, le dernier rapport de l’Agence française anti-corruption sur les atteintes à la probité entre 2016 et 2021 pointe du doigt le Pays, en tête du classement de la corruption nationale par habitant (lire notre article La Polynésie, championne de France de corruption par habitant !). À quand un organisme local destiné à coordonner la lutte anti-fraude ?
8/ Développer et protéger nos propres ressources
C’était l’objet de notre précédent édito (lire L’ÉDITO PPM #10 – L’Océanie convoitée : touche pas à mes ressources !). À l’heure où l’inflation mondiale est grandissante et alors que la Polynésie subit une crise socio-économique majeure, avec de plus en plus de foyers survivant grâce au « café-pain-beurre », la protection de nos ressources et de nos modes de vie doit être notre principal cheval de bataille. Plus que jamais, il est grand temps de tirer les leçons du passé et de poursuivre le retour aux sources déjà amorcé, et propre aux sociétés traditionnelles océaniennes, en cultivant davantage nos fa’a’apu, en surveillant et en contrôlant nos richesses marines, en cherchant des moyens de production plus verts, en réalisant des circuits courts et responsables, etc. Ne pourrait-on pas viser une plus grande autarcie, en réduisant nos importations et en augmentant nos exportations autant que faire se peut ?
9/ Résoudre le problème de la maltraitance animale
La multiplication des animaux errants, victimes d’abandons ou de maltraitance est un vrai fléau en Polynésie. Si le Pays aura fort à faire pour changer les mentalités à grand renfort de campagnes de sensibilisation, l’organisation de stérilisations massives est nécessaire. Mais c’est aussi et avant tout une question de responsabilité individuelle, qui est pourtant sanctionnée d’une amende salée le cas échéant.
10/ L’Amour du vivre ensemble
Que serions-nous sans Amour ? Si peu de chose. Donnons-nous toutes nos différences pour mieux vivre ensemble ! Faisons-nous également l’écho de ces paroles justes dites par Père Christophe dans sa dernière lettre de la Paroisse, « que l’année 2023 soit l’année de la révolution des cœurs ! Là où l’autre n’est plus un danger, un ennemi, mais un frère, un autre moi-même… ». Et puisque l’on parle d’amour et de relations avec les autres, M. Fritch s’est (enfin) exprimé récemment sur « les reproches qui lui ont été faits » et a bien voulu « demander pardon » car il « aime TROP son peuple ». Un mea culpa TROP tardif pour certains, un Ho’oponopono TROP facile pour d’autres : les électeurs jugeront.
Pour finir, abordons l’année 2023 par cette belle citation du cardinal Suenens : « Espérer est un devoir, non un luxe. Espérer n’est pas rêver, bien au contraire. C’est le moyen pour transformer un rêve en réalité. Heureux ceux qui osent rêver et qui sont prêts à payer le prix fort pour que leurs rêves prennent corps dans la vie des hommes. »
Ensemble, faisons bouger les lignes… pour un vent de liberté !
Bonne lecture, te aroha ia rahi.
Dominique Schmitt
