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« Indispensable. » Alors que des millions de citoyens français manifestent avec force contre le projet de réforme des retraites du Gouvernement, qui prévoit de repousser l’âge légal de départ de 62 à 64 ans, Emmanuel Macron a répété à l’envi que cette mesure était « indispensable quand on se compare en Europe » et pour « sauver notre système » par répartition. Pourtant, si la Commission européenne encourage la France à réformer son système de retraites, pour le rendre « plus équitable et assurer sa viabilité », elle ne l’impose pas (c’est même l’Hexagone qui est à l’origine de cette démarche), et, surtout, cela ne conditionne pas le plan de relance français selon certains spécialistes, qui estiment que Macron souhaite en réalité réduire le financement de l’État. Alors peut-être que Bernard Arnault, le milliardaire du groupe LVMH (devenu la première fortune mondiale, en atteignant 79 milliards d’euros de ventes et 14 milliards de bénéfice net !) a raison : « Les gens ne connaissaient pas bien l’économie », mais ce qui est certain, c’est qu’on a la furieuse impression d’être des pigeons que l’on va déplumer jusqu’à la moelle… Où va-t-on ? Dans quel monde vit-on ? Faudra-t-il bientôt mourir au travail ? En Polynésie, les organisations syndicales ont suivi également le mouvement national de grève, mais malgré la mobilisation massive des agents de la fonction publique, la rencontre avec Édouard Fritch n’a rien donné : « Votre situation nous préoccupe, mais nous n’avons pas les moyens d’influer », leur a répondu laconiquement le Président, davantage (pré)occupé par son avenir personnel avec les élections territoriales qui auront lieu les 16 et 30 avril 2023.

Et il a en effet du souci à se faire « Doudou » : après avoir fait la bringue au mariage de Tearii Alpha et enterré son dir-cab’ en grande pompe malgré la crise sanitaire et au mépris des règles en vigueur, après avoir imposé sa fumeuse « taxe sociale » qui accentue l’inflation et donc la paupérisation de la population de mois en mois (hausse du niveau général des prix de 8,5 % pour l’ensemble de l’année 2022), et fait de multiples sorties de route en conférences de presse ou à l’assemblée, la pilule a du mal à passer, avec désormais un allongement de la durée du temps de travail obligatoire qui risque de se profiler également au Fenua ! Un point positif tout de même : le dépôt officiel de la candidature des îles Marquises au patrimoine mondial de l’UNESCO fin janvier, après une patiente et laborieuse démarche. Ce label est-il prometteur ? Qu’est-ce que cette inscription pourrait vraiment apporter à la Polynésie, et surtout à la jeunesse marquisienne ? C’est l’objet de notre dossier « Culture » à lire dans cette édition.
Les appétits s’aiguisent…
Face à la déroute du gouvernement actuel et à l’horizon des prochaines échéances électorales, le gâteau en ligne de mire, les appétits s’aiguisent et les autres partis politiques s’en donnent à cœur joie et taclent à tout-va le parti majoritaire, se fendant de questions au gouvernement ou de communiqués de plus en plus tranchants. Soit, qu’ils se fassent plaisir ! Mais ce sont de véritables feuilles de route que les opposants au pouvoir en place doivent désormais déployer pour convaincre les électeurs et faire la différence dans les urnes. Les habitants du Fenua pardonneront-ils à Édouard Fritch qui brigue un 3e mandat (n’est pas Jacinda Arden qui veut… lire notre article ici) et feront-ils toujours confiance au Tapura ? Le parti indépendantiste d’Oscar Temaru créera-t-il encore la surprise comme il l’a fait aux législatives ? Celui de Gaston Flosse rassemblera-t-il malgré ses déboires avec la justice ? Le parti montant de Nuihau Laurey et Nicole Sanquer tirera-t-il son épingle du jeu ? Quel poids aura la nouvelle formation de Teva Rohfritsch et Nicole Bouteau ? L’éclatement des partis autonomistes ne causera-t-il pas la répartition des voix au bénéfice des autres partis ? Les alliances seront-elles inéluctables si un second tour est nécessaire, et surtout ne seront-elles pas impropres ? Le mois d’avril nous apportera toutes les réponses, avec l’élection de notre futur Président.
En attendant, après avoir formulé nos vœux à l’occasion de la nouvelle année (lire l’édito « Rêvons pour 2023 ! »), la rédaction de PPM a imaginé, sous la plume de Jean-Marc Regnault, un programme politique qui se distinguerait de ceux qui auront probablement cours dans quelques semaines et auront un horizon limité à trois ou quatre ans pour les plus courageux, mais souvent limité au lendemain de l’élection… Autant dire qu’il ne s’agit pas de flatter les électeurs ou leur faire avaler quelque promesse démagogique (lire notre dossier « Territoriales 2023 : le parti politique qui ne sera jamais au pouvoir »). Côté environnement, le temps des hommes politiques n’est pas, non plus, celui du défi climatique. Saviez-vous que notre empreinte carbone territoriale et importée est de 11 tonnes équivalent CO2 par habitant, soit autant que la France métropolitaine ? Dans les vœux de nos élus, vous ne trouverez pas un mot sur les multiples enjeux de la transition écologique. Pourtant, nos îles sont en première ligne pour subir les conséquences du réchauffement climatique. Aussi, nous vous invitons à découvrir notre dossier : « Quelques idées pour un programme politique de décarbonation ». Gageons que la classe politique s’en inspire, car il faut que l’on respire…
Ensemble, faisons bouger les lignes… pour un vent de liberté !
Bonne lecture, te aroha ia rahi.
Dominique Schmitt